mercredi 8 août 2007

Note d'intention de "Sonate pour un fugitif"

« Sonate pour un fugitif »

L’histoire du film est né entre la rencontre d’un fait-divers,
( une jeune femme introvertie, sensible et musicienne qui tombe amoureuse du délinquant, d’origine méditerranéenne, qui dévalise son appartement) et l’envie de travailler avec l’acteur espagnol de la Fura del Baus, Jordi Flores, rencontré lors d’un spectacle à Madrid.

Le plus long fut la recherche de l’actrice française, parlant espagnol d’aspect fragile et forte à la fois qui puisse paraître crédible dans ce rôle.

Avec ce film, j’ai essayé tout en racontant une histoire d’amour entre un fugitif et cette musicienne solitaire d’aller un peu plus loin dans la réflexion sur le vrai et le faux dans le cinéma. Exactement comme le dit le philosophe Gilles Delleuze dans son livre « Image-temps » L’imaginaire en effet apparaîtra sous la forme du caprice et de la discontinuité, chaque image étant en décrochage avec une autre dans laquelle elle se transforme.

Donc dans ce film, je veux garder l’ambiguïté entre la forme de l’image-rêve et celle de l’image-réel. Pour cela au milieu du film, on se rend compte dans la convention du mélo que l’héros n’est pas un délinquant mais un voisin acteur qui veux voir jusqu’ou il est crédible dans ce rôle. Quelques minutes plus tard, cette fois-ci c’est l’héroïne qui donne un autre sens à tout ce que l’on vient de voir et bascule la logique de l’histoire et de victime elle devient manipulatrice…elle savait dès le début que Paul était son nouveau voisin, un acteur célèbre.
Mais là comme dans « Rashomon » de Kurosawa on fait parler les voisins, les parents qui donnent, chacun, une autre vision de l’histoire. Les enchaînements et les confessions de la première partie du film deviennent de plus en plus irréels pour finir par n’être q’un phantasme de femme qui rêve d’avoir à cacher et sauver un fugitif.
Bien sûr que ce fugitif est le symbole de l’intrus de l’étranger qui menace ta quiétude et l’ordre de l’ennui.

Pour accentuer ce coté « métèque » de l’agresseur j’ai choisi un très bon acteur espagnol ( très connu en Espagne faisant partie de la célèbre troupe de théâtre de « La fura del Baus » qui dans le film ne parlera que le castillan, tandis que la jeune femme lui répond en Français. Cela m’a fait plaisir de garder ce coté un peu irréel entre eux…mais cela rentre aussi dans la logique de l’incommunicabilité entre les personnes. Dans ce film, chacun n’est que la représentation que ce que pense l’autre. La peur, le désir, l’amour sont des passerelles où l’on n’a pas besoin de traducteur.

C’est pour cela que les « confessions » des voisins et famille et le journaliste sont filmés d’une façon stylisée sur un fond de couleur… sans perspective ni fonction narrative ( ils ne sont pas en situation). Ils sont là, racontent des choses, mais personne ne peut les situer dans un espace-temps actuel.
La durée du temps de chaque scène à été calculé pour correspondre au moment où le public est immergée et croit ce qu’il voit. La violence du personnage doit correspondre au cliché que l’on se fait d’un agresseur ainsi que la scène d’amour doit faire croire en cette passion fulgurante de l’amour chair. C’est grâce a cela que la trahison en est plus forte.
Donc dans ce film comme chez Pirandello les acteurs partent à la recherche d’un personnage rêvé, idéal ou odieux.
Le côté mélodramatique de la première histoire me permet à travers ce manque absolu d’amour d’isoler les personnages, de les enfermer dans un vase clos d’où on ne voit le réel que très loin à travers les fenêtres. Le réel et le virtuel courent l’un derrière l’autre à l’infini, ce genre de film permet de continuer l’histoire jusqu'à plus soif ou fin de l’imagination.

Fiche technique : « Sonate pour un fugitif »
78 mn :

Acteurs : Ainara Iribas, Jordi Flores, Nathalie Trafford, Zoe Zag, Noemi et Valentina Gasparini, Lucia Romeu, Julio Feo et Miguel Curiel.
Image : David Galmot, Son Jerôme Raim,
Montage : Julia Juaniz. Musique : Jean Louis Valero.
Assistant : Pablo Melchor
Musique : Jean Louis Valero
Productions : Utopiart films-Alokatu producciones.

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